"C'est potentiellement mon dernier match" à l'Allianz Riviera: à la veille de l'annonce de la liste des sélectionnés pour l'Euro-2024 dont il espère faire partie, le Niçois Jean-Clair Todibo devrait tourner une page de sa carrière mercredi face au Paris SG en match en retard de la 32e journée.

Grand espoir formé à Toulouse, transféré à Barcelone à l'âge de 19 ans, il n'a jamais réussi à s'imposer dans le club catalan ni à Schalke 04 ou à Benfica, où il a été successivement prêté, avant d'arriver à Nice à l'hiver 2021, toujours en prêt avec option d'achat, validée cette fois par les dirigeants du club azuréen. 

Aujourd'hui âgé de 24 ans, après 134 matches disputés sous les couleurs niçoises en trois ans et demi, il se sent enfin capable du grand départ. Même s'il lui reste trois ans de contrat (2027), "c'est potentiellement mon dernier match", convient-il.

D'ailleurs, même en conférence de presse, Todibo se projette déjà. "Je souhaite gagner des titres dans un club qui me permettrait de progresser individuellement", annonce-t-il, se disant "très ouvert" sur l'identité de son futur championnat.

En revanche, l'international français (2 sélections, l'automne dernier) compte revenir plus souvent en Bleu. Et il voit ses concurrents, dans l'axe de la défense, jouer dans les plus grandes armadas continentales.

"Partir pour un plus gros club est dans ma tête", insiste-t-il. "De toute façon, jouer dans ces clubs-là permet aussi de jouer dans la meilleure compétition européenne. C'est une réalité (...). Vous êtes plus regardé. Cela peut apporter plus de garanties pour l'équipe de France."

Lui se sent désormais "prêt pour aller n'importe où, dans n'importe quel club en Europe". "Je pense que mon niveau de football n'a jamais été un problème (...), soutient-il. Il y avait, tout autour, d'autres choses qui, je pense, aujourd'hui, sont gommées."

Après la défaite à Nantes, un autre joueur

Il pense en premier lieu à son incapacité chronique à se maîtriser. Mais c'est du passé, assure-t-il. "Ça fait très longtemps que je n'ai pas eu de problème de gestion des émotions, lance-t-il. Je n'en ai eu qu'un seul cette saison. C'est au Havre. Je regrette." 

C'était le 16 décembre dernier lors de la 16e journée. "Je pense avoir appris de ce carton rouge. Ce genre de choses n'arrivera plus, j'espère." 

"Jusque-là, une fois qu'on s'est compris et mis sur la même longueur d'ondes, il avait montré une progression énorme", se remémore son entraîneur Francesco Farioli. "Cette exclusion a freiné sa saison. Il a perdu de la continuité, ressenti la responsabilité de son erreur. Il a traîné ça plusieurs journées."

Farioli juge par ailleurs que la défaite à domicile contre Nantes, le 31 mars, a été le "point marquant de la saison". "Après ce match, on a retrouvé un joueur différent. Depuis, je n'ai pas le souvenir d'un entraînement où il n'était pas au top. Son travail l'a remis en jeu. En leader charismatique, il a conditionné positivement notre fin de saison. Je l'ai vu déterminé à mener l'équipe. Et j'espère maintenant le voir en Bleu."

Trois victoires et deux nuls ont validé le ticket européen des Aiglons. "C'est dans les moments compliqués qu'on voit les vrais hommes, explique Todibo. Après Nantes, c'était très compliqué. Il fallait bien que les leaders prennent leurs responsabilités. C'est ce que j'ai essayé de faire. J'ai mis certaines choses en place. Je suis content que ça ait bien pris."

Alors, il a mis "de l'intensité, de l'impact dans les entraînements". "Quand un leader le fait, c'est différent, soutient-il. Parce que tout le monde suit derrière. Ces petites choses-là: parler un maximum, donner de la confiance, se remettre en question personnellement et collectivement, apportent une différence collective."

L'équipe s'est donc relevée pour profiter "de ce dernier match à domicile dans un stade plein, pour ramener tout Nice avec nous et jouer une finale à Lille", insiste Todibo.

Entre-temps, il aura regardé l'annonce de la liste des joueurs sélectionnés à l'Euro par Didier Deschamps. "J'espère avoir une bonne surprise", conclut-il.